Belle claque au vallon des Etages...

Voici le récit d'un but d'anthologie ! C'est l'histoire d'un gars qui n'y connaît pas grand-chose à la goulotte, et qui pense qu'il suffit d'un peu de neige pour que la glace forme…

Le dimanche 10 avril, après une nuit bien sympathique chez Yohann, je le motive pour aller faire du repérage à la pointe du vallon. Il a neigé la veille, il y a 10cm de neige mouillé sur la route. On arrive aux Etages, on commence notre rando. On chausse les raquettes pour Yohann, et les skis pour moi, peu après l'entrée du vallon, mais il n'y a pas de sous-couche. On progresse normalement, et on pique-nique avant le fond du vallon. La neige est très collante, on était au soleil jusqu'à présent, mais tous les sommets aux alentours sont plus ou moins dans les nuages. Au moment de repartir, la pointe du vallon commence à se cacher. Vers 2300m la neige devient vraiment ingérable, ça botte et mes skis ne reste plus en surface. La couche de fraîche commence à faire 40cm. Je baisse les bras et propose d'abandonner, car de toute façon on ne voit plus la face. Yohann, dis le buldozer, avec ses 10Kg sous chaque raquettes veut continuer, pour le plaisir de ce défouler… ! Il me fait donc la trace pendant un bon moment. On s'est arrêté vers 2600m, à encore 300m du pied de la face, mais on n'y voyait pas à 10m, jours blanc. On fait donc demi-tour après 5h de marche dont plus de 2h de lutte acharnée… !
Tout ça pour avoir de la neige pourri, prendre des cailloux en ski et ne même pas voir la face… Il y en a qui ont toujours des bonnes idées, mais qui feraient mieux de se taire.

Second épisode. Surmotivé, après une semaine de mauvais temps, le mardi 26 avril je remonte le vallon sous un beau soleil. Il y a une sous-couche, la neige est dure, il est 7h du mat'…tout va bien. Il me faut 4h30 pour arriver au pied de la face, après avoir brassé dans 40-50cm de poudreuse sur les 300 derniers mètres assez raide (pas loin de 45°). La face est plâtrée, avec mes piolets je tape dans les fissures, il y a un peu de glace, mais il est évident que le premier mur qui permet d'atteindre les pentes de neiges de la rampe est très raide… Mais pour moi toute cette neige va fondre et faire de la glace, il faut donc attendre un redoux.
Je descends dans une superbe poudreuse, et finie le fond du vallon en neige de printemps, j'aurai au moins profité de la descente pour une fois !

Le dimanche 1 mai, JFC me prend des photos de la face, il y a eu un bon redoux pendant la semaine, il n'y a plus de neige sur les dalles, donc il y a de la glace dans les fissures. Enfin c'est ce que je croyais.
L'assaut est donné avec Yannick pour le vendredi 6 mai. On s'installe donc au bivouac vers 2500m le jeudi soir après une montée éprouvante avec des sacs énormes : matos de camping, de glace (8 broches, piolets crampons…), et de rocher (10 Friends, 16 pitons, 2 jeux de câblés…) une vraie expé. Les conditions météo sont excellentes, et la motivation à son comble : vendredi, la pointe du vallon ; samedi, le couloir de l'Etret…

Vendredi, réveil à 3h30, départ vers 4h45 (la neige ne veux pas fondre !), ca caille, il fait beau. Arrivé au pied de la face vers 5h45. Le doute s'installe… on prend par les dalles de droite, ou par une fissure sèche sur 25m qui mène à une goulotte en neige ? Yannick préfère les dalles, moi la fissure. Du bas elle ne me paraissait pas trop dure… alors que les dalles, il fallait enlever les crampons, et grimper dans du bon 5 avec les gants. J'ai donc mis 45min pour faire 15m les plus terreur jamais fait. Les bouts de neige qui étaient dans la fissure partaient en morceau au moindre coup de piolet. Je me suis donc dis que ma goulotte au dessus risquait fort d'être dans le même état. Réchappe sur piton. En bas j'ai voulu tenter par les dalles, mais Yannick était gelé et démoralisé. On s'est donc dirigé vers le haut du glacier où j'avais imaginé qu'il était peut-être possible qu'il y ait des goulottes. Et là, une belle ligne s'offre à nous, pas très longue, mais très jolie. Yannick a fait les 2 longueurs en tête. On est sorti sur l'arrête, au col de la Lavey.
Pendant la descente, j'ai tenté de motiver mon camarade de rester au bivouac le soir pour tenter l'Etret le lendemain. Mais il ne voulait prendre de risque de ne pas pouvoir sortir, car on savait que la sortie en mixte délicat risquait fort de nous causer quelques frayeurs…
Il voulait faire de la grande voie aseptisée à la Maye…. Quel triste repli…après une petite sieste on a donc levé le camp, ce fût une retraite digne des plus grandes défaites…j'ai traîné mon sac trop lourd enroulé dans la bâche de la tente…
On est arrivé en petite forme aux Etages où les parents de JFC ont été surpris de nous voir, mais ils nous ont chaleureusement accueilli.

Donc le samedi, petite randonné sur une grande voie de la Maye, et le dimanche petite randonnée un peu plus délicate à la Tête Blanche. Mais rien à voir avec le projet initial.

La morale de cette histoire, c'est qu'il faut quand même connaître un minimum ce qu'on fait quand on ce lance dans des projets comme ça, notamment sur la formation de la glace dans les goulottes… !
Une belle claque qui j'espère servira de leçon.

Topo sur Camptocamp

 

 

 

Vers le bas du vallon.

C'est quand même une belle ligne !

Au bivouac.

La tentative

C'est sec, non ?

La belle goulotte, au milieu, on est descendu par celle de droite, avec 3 rappel.

L1

L2

L2

Attaque des pentes pour aller au col.

Voici les photos du reperage, Merci à JFC !

La goulotte qu'on a faite se situe en haut du cirque glaciaire, un peu sur la gauche, à la limite du soleil.

Les photos du second repérage :

La face un peu platré.

Petite descente en ski bien sympa.

Couloir sud de la grande Aiguille de la Bérarde.

Le cirque du Soreiller.

 

 

 

 

 

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